• A la poursuite de l'horizon - livre de Matthieu Stelvio (2015)

    A la poursuite de l'horizon - livre de Matthieu Stelvio (2015)En faisant un tour sur l’incontournable blog biblio-cycles qui est une mine d’information sur le voyage à vélo, j’avais remarqué un récit de voyage en Europe “A la poursuite de l’horizon”. En commandant le livre sur Mon petit éditeur, l’éditeur du livre, je le reçois quelques jours plus tard dans ma boites aux lettres. 

    82 pages et 13 chapitres composent le premier livre de Matthieu Stelvio. En 2010, Mathieu réalise son premier “vrai” voyage à vélo de 3 mois, 11.277 kilomètres et 20 pays parcourus. Il retrace ses aventures : de son départ de Grenoble jusqu’en Grèce. Par la suite il continuera, son chemin par la Turquie, la Hongrie, l’Allemagne, entre autres pour revenir dans sa ville d’accueil : Grenoble.  A travers ce livre, l’auteur nous livre ses interrogations, ses pensées, ses réflexions sur le monde qui nous entoure, ses rencontres, ses envies. Il n’a rien d’un frimeur, avec lui nous vivons ses craintes, ses interrogations, ses convictions et c’est ce qui fait tout le charme de ce livre qui se lit d’une traite tant il est passionnant et intéressant. Dans sa démarche écologiste et décroissante et pleine de réflexions, il se rapproche d’un autre Matthieu, Matthieu Monceau que j'ai lu récemment avec "Un vélo-couché à la découverte du monde".

    Hormis la couverture aucune autre photo n’est présente dans le livre. Il est vrai que la qualité d’écriture de l’ouvrage justifie à lui seul l’achat d’”A la poursuite de l’horizon”. Mais quel ne fut pas ma joie, quelques jours après sa lecture, de découvrir dans le nouveau numéro de Cyclo-Camping International, le numéro 136 (automne 2015) pour être plus précise, un article intitulé “L’envol : entre doutes et détermination” retraçant le début du livre (donc pas d’inédit) ajouté à 9 photos dont la couverture de la revue ! Oh la, la, quels plaisir et régal pour les yeux.

    Matthieu Stelvio rédige des articles pour ses deux blogs portés sur l’écologie, la décroissance, les voyages à vélo, la défense des bouquetins : http://lebruitduvent.overblog.com et http://lenvol.over-blog.org. Un autre est consacré à ses voyages à vélo et à pied.

    Le livre est donc disponible, entre autres, chez l'éditeur Mon petit éditeur via ce lien. Les premières pages peuvent être lues en ligne.

    A la poursuite de l'horizon - livre de Matthieu Stelvio (2015)

    Voici quelques morceaux choisis extraits d’'"A la poursuite de l’horizon” et qui reflète assez bien l’état d’esprit - ou tout du moins de l’impression qu’il me donne - de Matthieu :

    "Titouan m'explique que son premier voyage à vélo a changé son regard sur la vie : "Enfermés dans nos p'tites habitudes, nous nous croyons obligés de faire comme tout le monde. En partant à vélo, on s'rend compte qu'on peut vivre heureux avec quasiment rien. Tous les soirs, j'm'arrête à une fontaine ou près d'un petit ruisseau, j'sors mon savons... Pas besoin de baignoire, pas besoin de salle de bain... Un vélo, une tente, un peu d'eau, un morceau de pain... et voilà, ça suffit pour être heureux !"

    "Tous les enfants ont des rêves. Trop souvent, la société est sourde, ne nous écoute pas, nous attrape, et détruit, une à une, toutes nos vocations. Je me souviens de mes belle ambitions. Je me voyais aller au bout du monde ; je voulais garder des moutons, marcher au bord des dunes. Puis les années passent... A l'usure, les médias, les publicités s'emparent de nous. Peu à peu, nos têtes sont habitées, on nous en dépossède. Nous perdons nos idéaux, devenons d'impersonnels consommateurs. Plus le temps de sourire, plus le temps de regarder les nuages, plus le temps de rêver ! On nous dit que la vie est ainsi ; et qu'autrement, ce serait pire. Voilà, si je pars à vélo, c'est pur dire non à tout ça pour ne pas me transformer en pion, pour choisir ma vie !"

    "Pédalez est, pour moi, un moyen d'expression physique ; un moyen d'affirmer avec détermination : "Non, vous ne me mettrez pas en boîte ! Vous ne m'enfermerez pas dans vos voitures, dans vos bureaux, dans vos magasins, dans vos supermarchés, dans vos barres de béton, dans vos ordinateurs, dans vos télé ! Hé, hé, bande de timbrés, attrapez-moi si vous pouvez !"

    "L'homme riche n'est pas celui qui veut toujours plus, mais celui qui sait s'asseoir sur un banc et rêver durant des heures. Encore très pauvre, je n'en suis qu'à quelques minutes."

    "J'aurais tellement préféré m'éveiller dans le silence. Pas dans un silence vide. Non, le silence que j'aime est empli des petits sons de la Nature. Le silence que j'aime, c'est le son du monde sans le bruit des hommes. Trop souvent, les hommes parlent si fort, vivent si fort qu'ils masquent toutes les petites mélodies de la vie. Il faut éteindre les moteurs, il faut se taire pour écouter le vent qui souffle dans les roseaux, les dialogues du crapaud et du hibou. En parlant à voix basse, en marchant à pas doux, on peut ne pas faire fuir le silence, ne pas l'effrayer."

    "J'obéis et regarde passer un peloton de cyclistes recouverts, de la tête aux pieds, de logos publicitaires, puis les lâchés, puis la voiture-balai bringuebalant de pauvres coureurs abandonnés. Triste univers que celui de la compétition où comme au temps des dinosaures, où comme au temps des capitalistes, la loi du plus fort fait autorité."

    A la poursuite de l'horizon - livre de Matthieu Stelvio (2015)

    "Dès leur plus jeune âge, la société éloigne les enfants de leurs rêves en les notant, en les classant, en les mettant en compétition, en leur enseignant la performance, en les soumettant aux angoisses de la sélection... et il n'est pas facile pour les nouvelles générations de se débarrasser de ces sinistres addictions. Lorsqu'il quitte l'école, l'élève qui se battait pour avoir les meilleurs notes sent un grand vide l'envahir. Dans une société où la compétition n'est pas (encoure tout à fait) omniprésente, le compétiteur, souffrant d'un manque de comparaison, doute de sa valeur. Subitement, il perd ses repères ; il pourrait alors se remettre en cause, passer de la guerre à la paix, mais malheureusement, la compétition, pour répondre à la question cruelle et primitive, martelée par l'époque : "Miroir, mon beau miroir, suis-je le meilleur ?""

    "Hiérarchiser les individus est à la fois absurde et cruel. La souffrance est muette. Le mérite n'est pas quantifiable."

    "Ah... je me prends pour un aventurier, mais dès que je m'éloigne de la civilisation, je ne suis même plus capable de me nourrir, de m'hydrater, de me laver. Drôle d'aventurier ! Je ne suis même pas fichu d'allumer un feu avec deux bouts de silex ! Je ne suis d'ailleurs pas certains d'être capable d'identifier un bout de silex ! Moi, aventurier ? Sur les mille dernières générations, j'appartiens certainement à celle qui vit le plus confortablement et simplement parce que je pars quelques jours à vélo, je serais un aventurier ? La bonne blague ! La vérité, c'est que je ne suis pas capable de vivre une semaine sans ma carte bancaire ! Je roule sur un sol lisse et artificiel ; j'ai un téléphone portable, une assurance rapatriement... Comparé à un chasseur de mammouths ou à un mineur de Montsou, je ne cours à peu près aucun risque."

    "Je ne désire pas réintégrer la société, pas même pour visiter La perle de l'Adriatique. A cet âge de ma jeunesse, ma liberté n'existe qu'au travers de ma solitude. Je ne souhaite me lier à rien et à personne, et ne veux me consacrer qu'à cet amour de l'horizon, qui m'emporte dans une course infinie et  toujours nouvelle."

    A la poursuite de l'horizon - livre de Matthieu Stelvio (2015)

    "La vie est injuste ; ces enfants ne méritent pas de souffrir de faim. Je me sens coupable d'être originaire d'une société, à l'avidité maladive, qui exploite de façon déraisonnée de fragiles ressources, ne les partage pas, et qui, par ce comportement, met en péril le bien commun, l'avenir, la justice. Pourquoi, moi français, ai-je le droit à autant de confort et pourquoi, eux albanais, seraient-ils condamnés à avoir faim ? Dépossédé de quelques bananes, ce n'est pas moi qui suis la victime de ces enfants, mais, au contraire, petits voleurs guidés par un ventre avide, ce sont bien eux les victimes, les victimes d'une humanité indifférente à laquelle, malheureusement, j'appartiens. Trop souvent, on se trompe de coupables en incriminant ceux qui n'ont rien plutôt que ceux qui s'approprient. En quoi suis-je plus légitimement propriétaire de mes bananes que des enfants qui souffrent de la faim ? 

    "Avec mon vélo, je joue à l'explorateur, mais en réalité, je ne suis qu'un touriste. Je visite le monde comme un musée, sans m'y impliquer. La souffrance des autres est réduite à un simple élément du décor de mon aventure. Je peux me payer des vacances ; eux ne le peuvent pas. Je mange à ma faim, je me promène, je passe les frontières à bicyclette ; eux ne le peuvent pas. Placées dans un tel référentiel, mes crampes et mes frayeurs deviennent dérisoires. Rien n'est plus relatif que le mérite."

    (...) "Pendant que, sous le regard de deux petits enfants qui sucent leur pouce, un vieil homme aidé d'un jeune adolescent vide les tripes d'un mouton dans une bassine. Tout autour, ça s'agite : les uns courent chercher des torchons, les autres des couteaux. Mon regard se bloque sur les intestins de l'animal. D'un coup, j'ai la nausée, des vertiges, des bouffées de chaleur, je me sens pâlir. J'imagine subitement du sang sur mes mains ! C'est atroce : je suis moi aussi un mangeur de viande !"

    "Occasionnellement, nous nous battons pour un bel objectif, l'atteignons parfois, puis, vite laissés, nous nous dépêchons de passer à autre chose. Toujours pressés, jamais satisfaits... l'homme est un animal qui s'agite dans tous les sens, qui s'invente des impératifs, qui se fait du souci pour un oui, pour un non... Il s'énerve, s'énerve, et en arrive parfois à détruire, hurler, tuer pour des bêtises, toujours plus de bêtises."

    Mise à jour du 9 décembre 2015 :

    Bonnes nouvelles ! De nombreuses photos de son voyage sont disponibles par ici.

    Son parcours :

    A la poursuite de l'horizon - livre de Matthieu Stelvio (2015)

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 6 Décembre 2015 à 21:51

    Bonjour,

    Je vous remercie pour cette critique. Je suis vraiment content d'apprendre que mon récit vous a intéressé.

    Si vous souhaitez  voir plus de photos de mon voyage, vous pouvez consulter cette page : http://atla.over-blog.com/article-p-57600097.html 

    Matthieu

    2
    Mardi 8 Décembre 2015 à 19:10

    Merci, Matthieu ! :-) Félicitation pour les très belles photos.
    Je me suis permise d'en ajouter 3 dans l'article et j'ai indiqué le lien où l'on peut les voir.
    Merci aussi pour cet intéressant récit qui m'a beaucoup touché.

    Nathalie (La révolution dans ma tête)

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